On se fait proposer un mandat, on l’étudie, on l’accepte, puis vient la question parfois épineuse de la facturation…
Si la grille tarifaire du linguiste aguerri est claire et bien définie par rapport à celle du jeune diplômé fraîchement sorti de l’Université, il n’en demeure pas moins que la négociation du prix pour le service offert, qu’il s’agisse de la traduction, de la rédaction ou de la révision, peut parfois se révéler embêtante. Après tout, on a étudié de longues années pour devenir un professionnel de la langue compétent dans un domaine en plein essor où la demande grandissante accroît nos chances de se bâtir une belle carrière… Mais ça, c’est le sujet d’un prochain article! Pour l’instant, concentrons-nous sur les différents modes de facturation et sur leurs avantages respectifs.
À l’heure
Selon l’UNEQ, la rédaction professionnelle (ex. : discours, brochures, livres, textes pour des sites web, etc.) se facture 55,00 $/l’heure, tandis que le SQRP recommande plutôt d’effectuer un calcul incluant le revenu annuel anticipé, les frais pour faire des affaires et le nombre d’heures à facturer. On additionne les deux premiers montants et on les divise par le dernier, ce qui donne finalement le taux horaire à demander en échange d’un service linguistique. Par exemple, si vous prévoyez faire 50 000 $ par année avec des dépenses de 20 000 $ et que vous souhaitez travailler 26 heures par semaine, votre taux horaire devrait être de 56,00 $. Pas sorcier, hein? Certains autres sites professionnels parlent d’une rémunération se situant entre 50,00 $ et 80,00 $/heure pour un rédacteur pigiste (possédant de 3 à 5 ans d’expérience).
Au bout du compte, on comprend donc que la rédaction et la révision sont des services qu’il vaut mieux facturer à l’heure, le texte pouvant être court, mais très complexe ou au contraire, très long, mais traitant d’un sujet grand public.
Au mot
D’après les données de l’UNEQ, c’est la traduction littéraire qui paie le plus cher : un tarif de 0,27 $ du mot est demandé pour les textes de poésie. On demandera cela dit 0,22 $ du mot pour un texte de théâtre et 0,20 $ du mot pour les autres genres de textes, soit par exemple pour la traduction dans les domaines techniques ou administratifs. Cela s’explique par le simple fait que la traduction littéraire demande une plus grande dépense d’énergie créative. En effet, dans un domaine très technique, un mot a généralement un ou deux équivalents possibles, tandis que l’univers poétique d’une histoire doit être intégré et compris par le traducteur pour qu’il soit en mesure de le rendre fidèlement, pour que le lecteur ressente la même émotion et qu’il fasse l’expérience de la même réalité.
En traduction donc, c’est surtout le domaine auquel se rapporte le texte qui justifie le tarif. Après tout, les traducteurs (surtout les traducteurs techniques) ont accès à plusieurs outils d’aide à la traduction qui leur permettent de travailler rapidement et bien en échange, au bout du compte, d’une rémunération intéressante pour le temps qu’ils ont investi… À condition d’être justement payé!
Au texte
Parfois, cela dit, il vaut mieux facturer « au texte ». Ainsi, la rédaction de textes de fiction dans une revue, un magazine, sur une application ou un site web, qu’il s’agisse de récits, de poésie ou de nouvelles, se facture 40,00 $ le feuillet de 250 mots. Pour un journaliste à la pige qui possède un grand bagage de connaissances dans son milieu et qui se doit d’effectuer une recherche approfondie sur son sujet, le tarif atteint plutôt 150,00 $ le feuillet dans un magazine généraliste. Ailleurs, on recommande une rémunération se situant entre 25,00 $ et 100,00 $ du texte selon le type de texte rédigé.
Ce mode de facturation peut se révéler intéressant dans le cas d’une collaboration à long terme entre un pigiste et un employeur. Ainsi, les textes plus courts ou plus longs seront payés le même montant (déterminé en préalable entre les deux partis), ce qui profitera parfois au pigiste, parfois à l’employeur…