La pandémie aura eu son lot de conséquences sur nos vies, qu’elles soient négatives ou non. On ne compte plus les changements que l’on a dû apporter dans toutes les facettes de notre existence. Du jour au lendemain, nos repères se sont brouillés et aucune des infrastructures en place ne convenait aux nouvelles pratiques qu’il nous fallait maintenant observer.

Je me suis questionnée sur l’impact réel, en chiffres, qu’a eu le télétravail dans trois grandes sphères de la vie des Canadiennes et Canadiens, soit les finances, la santé mentale et le travail. Voici ce que j’ai noté.

Financièrement parlant

Dans les faits, en septembre dernier, 40 % des Canadiens révélaient être en télétravail et poursuivaient donc normalement leurs activités professionnelles en échange du salaire qu’on leur versait avant la pandémie. Les statistiques montrent que 4 travailleurs canadiens sur 10 occupent un emploi qui peut être exercé de la maison, ce qui n’est pas le cas pour les 6 restants et qui contribue donc à accentuer l’inégalité des revenus. On note également, et de façon évidente, que le retour au travail a été plus important dans les professions où la capacité de télétravail est plus grande. Cette capacité est à 80 % dans les services professionnels, scientifiques et techniques, alors qu’elle atteint environ 5 % dans le domaine de la restauration et de l’hébergement…

En plus d’être avantagés par un emploi « de bureau » qui ne requiert souvent qu’un ordinateur et un accès à Internet, les Canadiens en télétravail ont pu en grande majorité bénéficier de déductions sur leurs impôts en fournissant leurs factures d’Internet, de téléphonie et d’électricité, sans parler de la part du loyer qu’ils occupaient pour l’exercice de leur emploi et des dépenses liées aux fournitures de bureau. On peut donc difficilement le nier : de tous les portefeuilles écorchés par la pandémie de Covid-19, c’est sans doute celui des Canadiens en télétravail qui a le moins souffert…

Et la santé mentale, elle?

Sur ce point, les Canadiens partent tous sur le même pied d’égalité, pour le meilleur ou pour le pire. Plusieurs facteurs ont contribué à miner la santé mentale des travailleurs, le premier étant l’anxiété générale causée par l’isolement et la peur de contracter la Covid-19. Pourtant, en novembre dernier, 62 % déclaraient être en excellente ou en très bonne santé mentale, par rapport à 55 % en juillet dernier. Cette hausse a coïncidé avec l’assouplissement des mesures sanitaires, pour connaître une nouvelle baisse lorsque les mesures plus strictes sont entrées en vigueur autour des Fêtes.

Fort heureusement, la capacité à travailler de la maison semble avoir contribué à la diminution des symptômes de fatigue, d’épuisement physique et psychologique liés au travail. Ceux qui ont dû concilier travail et famille lorsque les garderies et les écoles ont fermé au début du confinement sauront confirmer la patience et la souplesse qu’a demandées cet exercice acrobatique… Mais une fois les enfants de retour à leur routine, on a noté une diminution de 6 % de l’épuisement au travail pour les personnes en télétravail. Selon l’étude menée par l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (OSMET) de l’Université de Montréal, cette baisse ne serait pas étrangère au fait que cette nouvelle habitude entraîne « moins de déplacements et permet plus de flexibilité ».

Le travail en soi

Selon une étude commencée en mai 2020 par Tania Saba, professeure à l’École de relations industrielles de l’UdeM et chercheuse au CÉRIUM, 39 % des répondants québécois et canadiens disaient vouloir poursuivre le télétravail après la pandémie, tandis que 37 % souhaitaient retourner au bureau. Les 24 % restants étaient encore indécis. On ne notait aucune différence d’opinions entre les hommes et les femmes, mais les travailleurs en faveur du télétravail avaient cependant tendance à être plus âgés et à se dire « plus productifs » que lorsqu’ils travaillaient du bureau.

Cette étude révélait également que le fait d’être bien équipé et d’être habile avec la technologie favorisait la productivité chez les travailleurs, même s’ils étaient installés dans le salon ou qu’ils partageaient leur bureau avec une autre personne en télétravail. À ce sujet, pour recevoir quelques conseils sur la manière de vous organiser un espace de travail fonctionnel, lisez le premier article de notre dossier Pandémie, Un espace de travail stimulant et fonctionnel.

Si le télétravail a quelques défauts, il représente quand même une situation avantageuse pour beaucoup de travailleurs canadiens et des économies importantes pour bon nombre d’entreprises, qui voient là l’occasion de se débarrasser des loyers astronomiques de leurs bureaux…

Qu’on l’aime ou non, le télétravail semble s’être taillé une place de choix dans nos vies!

Sources :

https://www.guichetemplois.gc.ca/content_pieces-eng.do?cid=16908

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1761804/deficit-pandemie-confinement-economie-eric-girard-quebec

https://www.statcan.gc.ca/fra/covid19?HPA=1

https://nouvelles.umontreal.ca/article/2021/03/22/covid-et-sante-mentale-au-travail-la-detresse-psychologique-touche-une-personne-sur-trois/

https://www.ledevoir.com/societe/578590/continuer-ou-pas-le-teletravail-apres-la-pandemie